Avec la nouvelle mise à jour de sa Freebox révolution, le trublion du web et de la téléphonie a encore une fois fait parler de lui en mettant en place un système automatique de suppression des publicités : Adblock. Proposé aujourd’hui en version béta, ce nouvel utilitaire sème le trouble et met au centre du débat une manne financière pour les entreprises : la publicité.
Si de prime abord, la suppression des publicités est une excellente chose car il s’agit tout simplement d’une certaine forme de pollution pour l’utilisateur, cela reste un vrai changement pour certains sites qui ne vivent que ça.
De la pollution à l’innovation…
La publicité a faible dose est utile, surtout quand elle est contextuelle car elle peut attirer le consommateur vers des offres dont il n’avait, sans doute, pas connaissance. Néanmoins, dès qu’elle devient intrusive, et cela est de plus en plus souvent le cas sur les sites internet, l’utilité disparaît et laisse place à une certaine forme de pollution, voir une réelle gêne pour l’internaute. Je me retrouve fréquemment bloqué sur un site depuis ma tablette ou depuis mon téléphone par une fenêtre publicitaire qui prend parfois plus que la taille de l’écran et que je ne peux donc pas fermer. Il en va de même lors que la souris survole une publicité qui déclenche automatiquement la lecture d’une vidéo, cela peut vite devenir désagréable tant au niveau visuel que sonore. Aussi, pour toutes ces raisons, le blocage proposé par Free est très intéressant. Intéressant car il permet à chacun de choisir et de ne plus subir. Intéressant également car les publicitaires vont devoir s’interroger sur de nouveaux concepts pour rendre à la publicité ses lettres de noblesses qui avaient disparues avec l’exubérance, tous médias confondus.
Vers une radicalisation imposée par un opérateur ?
A l’inverse des logiciels anti-publicités que l’on peut trouver sur le web, la solution proposée par Free est radicale car elle bloque à la source toute forme de publicité. En d’autres termes, tout le foyer se voit privé de cette publicité alors qu’il y a peut être des personnes qui auraient souhaité garder cette possibilité de choisir, de surcroît comme je le mentionnais ci-dessus, s’il s’agit de publicités ciblées et donc qui peuvent avoir une réelle valeur.
Par ailleurs, il n’est pas possible d’exclure certains sites que l’on souhaiterait soutenir en laissant s’afficher leurs bannières et pop-up publicitaires. Il y a donc là, une privation imposée par l’opérateur. D’autant que l’activation de ce module est faite par défaut. Plus généralement, cela pose donc la question du filtrage d’informations qui peut être vu comme une certaine forme de censure (aujourd’hui cela concerne la publicité, mais demain ?). Il s’agit donc bien ici d’une solution, à mon avis, extrême, et en cela, elle n’est pas bonne.
Quelles alternatives ?
Au niveau économique, cela va obligatoirement donner lieu à des innovations dans le secteur de la publicité et sans doute donner un coup d’accélérateur à certaines initiatives. Je pense par exemple à l’initiative des Centres E. Leclerc qui prônent la fin des catalogues papiers pour 2020. Avec ce type de blocage des publicités, je pense que les versions électroniques des catalogues publicitaires ont réellement de l’avenir. Tout d’abord parce que l’on va progressivement vers le zéro papier, et ensuite parce qu’avec une application (embarquée ou non), l’utilisateur reprend ses droits sur la publicité et pourra décider par lui même.
Pour aller plus loin, on pourrait même imaginer de nouvelles options pour les sites internet ou eCommerce qui consisteraient à donner le choix à l’internaute d’avoir (ou non) de la publicité sur le site. Un principe similaire existe déjà sur les newsletters ou l’on a systématiquement (enfin pour ceux qui respecte la loi) un lien de désabonnement.
Néanmoins, il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse qui consisterait à faire payer l’internaute (via différentes formes de contributions) pour avoir accès aux informations jusqu’alors gratuites car financées par la pub. C’est là où il faut jouer très finement pour susciter la créativité et l’ingéniosité des agences de pub afin qu’elles contribuent à l’innovation, ce qui est in fine, bon pour notre économie.
Quoi qu’il en soit, l’opérateur aura encore une fois semer le trouble, fait couler beaucoup d’encre et surtout, il aura permis de nous faire réfléchir sur un sujet où des solutions doivent être apportées pour améliorer le confort et la préserver la liberté de chacun. De notre coté, c’est à dire coté entreprises de services, nous avons également un rôle à jouer en conseillant nos clients, en leur proposant de nouvelles solutions et en les aidant à optimiser leur business model… avec moins de publicité !
Ludo B.
janvier 7, 2013 à 10:21Je pense que le débat se situe un peu ailleurs. Je ne pense pas que Free soit vraiment là pour défendre l’utilisateur des publicités intempestives. Free a bloqué les pubs venant de chez Google. Or on sait très bien que tous les opérateurs Internet (Free en premier) sont en conflit avec Google, car avec Youtube par exemple, il oblige les opérateurs a toujours investir plus dans les infrastuctures. Et Orange, Free, SFR… aimeraient bien que Google mette un peu la main à la poche. Cela ressemble donc plus à un nouveau coup pour essayer de faire plier Google. La pub devrait donc revenir très vite 🙂