Je ne suis pas un anti-social. Je veux démarrer l’externalisation nearshore d’une partie de mes activités IT et je ne le fais parce que je n’aime pas la compagnie de mes collègues de bureau ou parce que j’aime être tranquille dans « mon openspace ». Je ne le fais pas non plus pour les 250€ / jour contre 500 en inshore (hm, si un peu quand même). Je le fais en analysant très attentivement le coût de la communication avec ma future équipe. J’ai beaucoup d’autre raisons/questions pour lesquelles j’ai décidé de démarrer cette aventure, mais ça fera l’objet d’autres billets. Le but de celui-ci est d’insister sur le contact, la communication avec mon équipe, ce que ça coûte et combien ça rapporte.
Au premier regard, la problématique paraît simple : je dois réduire mes coûts, j’ai besoin de flexibilité dans mes effectifs (ramp-up et/ou ramp-down) sans subir les lourdeurs administratives de notre cher système français qui donne plus peur qu’envie d’embaucher. Plusieurs choix nearshore-offshore s’offrent à moi : l’Europe de l’Est, le Maghreb, l’Inde, la Chine, etc. Ce dernier pays va certainement peser lourd dans un futur proche dans monde near- et offshorisé.
Toutes ces destinations ont de bons et de mauvais cotés mais la question la plus importante pour moi reste : « comment vais-je interagir avec cette équipe ? » Dans quelle langue, via quels canaux, avec quelle fréquence, quel décalage horaire et avec combien d’interlocuteurs ?
I know that Brian is in the kitchen and that he’s preparing for some time now ham and eggs, and that since the beginning I saw more pigs than chickens entering in the kitchen.
Non, je n’ai pas digressé, je voulais simplement dire que l’anglais ne me faisait pas peur.
En ce qui concerne les ingénieurs parlant français, la Roumanie est très bien positionnée, de même que l’Ukraine, la Pologne ou l’Estonie. Ce qui est aussi bon à savoir, c’est que l’anglais est encore mieux placé dans ces contrées, que ce soit avec des Indiens ou avec des Chinois. Ce sont en fait plutôt les différences culturelles qui m’inquiètent. En ayant vécu presque deux ans au Vietnam, je sais que « pas encore« , « oui, mais …« , « oui, oui » veulent tous dire « NON » et que le « non » n’existe pas réellement dans leur vocabulaire. Enfin si, il existe mais son utilisation est impolie. Et cela peut générer des retards (im)prévus ou des livraisons importantes ratées…
Le décalage horaire entre la France et le Maghreb ou entre la France et l’Europe de l’Est est identique : 1 heure. Ce point est très positif pour le projet car cela permet d’avoir une plage horaire commune de travail sur la journée entière. Certes, des stratégies peuvent être mises en place pour palier un décalage de 6-7 heures avec la Chine par exemple, mais cela prendra du temps pour être bien rodé et donc efficace.Je mentionnais au début de mon billet la régularité des échanges avec l’équipe nearshore. En fait, je vais arrêter de l’appeler « mon équipe nearshore », je dois prendre conscience que ce sera « mon équipe ». Pas simplement une extension de mon équipe interne, mais « mon équipe ». Point. Et pour faciliter cette prise de conscience il faut passer par le contact humain direct. Ce n’est pas une liste de diffusion « mon_equipe_offshore@client.com » qui va me rapprocher de cette équipe. Au contraire, cela ne fera qu’accroître « l’anti-équipe », stigmatiser ces ressources lointaines.
C’est pour cela que dans mon budget d’externalisation, je prévois également un budget dédié aux rencontres bidirectionnelles : je vais les voir dans leur bureau, partager leurs journées de travail et je vais les faire venir dans mon bureau, pour qu’ils partagent également mon quotidien. Et comme je n’ai pas vraiment de journées types, il me semble que deux visites par an dans chaque sens est un bon compromis.
Généralement, les prestataires nearshore sont bien équipés en termes de connexion réseau. Les conférences téléphoniques et même les sessions de messagerie instantanée seront remplacées par des vidéo-conférences, cela m’aidera à changer de mindset et passer de « j’appelle pm_projet_2014 » à « j’appelle Lucian ». D’ailleurs, je m’interroge sur le fait de faire venir Lucian plus souvent ici au siège, ou pourquoi pas, sur une plus longue période. Il pourrait même être mon relais vis-à-vis de l’équipe ? Avec un point d’attention particulière cependant : je ne dois pas oublier que cette équipe existe toujours.
Et que c’est MON EQUIPE !